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FA OYE

Gel du point d'indice, diminution des primes, pouvoir d'achat en berne… Les fonctionnaires de l'État sont priés de se serrer la ceinture. Premier volet de notre série sur les salaires des agents publics.

1. La France paie-t-elle mieux ses fonctionnaires que les autres pays ?

NON.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est en train de boucler un comparatif inédit des salaires des fonctionnaires dans 28 pays. Tous les postes n’ont pas été observés. Les chercheurs se sont concentrés sur 6 ministères et ont étudié des postes qui se retrouvent dans tous les pays : directeurs d’administration, cadres intermédiaires, secrétaires, policiers, enseignants, etc. Ils évaluent le coût complet de chaque fonctionnaire pour l’administration, y compris les cotisations sociales et pour les retraites, afin de faciliter les comparaisons. Principale conclusion : partout, les agents publics ont subi le contrecoup de la crise via un gel, voire une réduction, de leur rémunération. Au milieu de cette rigueur généralisée, les fonctionnaires français ont été relativement épargnés, puisque la plupart ont continué de voir leur salaire augmenter.

Un relatif traitement de faveur qui ne situe pas pour autant la France dans le haut du panier. « Les rémunérations des fonctionnaires français sont dans la moyenne des autres pays », souligne Maya Beauvallet, économiste à l’OCDE et chargée de l’étude. Les paies des hauts fonctionnaires sont en dessous de celles pratiquées au Royaume-Uni, en Belgique, en Australie, au Mexique ou en Italie, mais au-dessus de celles qui ont cours en Grèce, en Ukraine ou en Espagne. Deux caractéristiques distinguent la France des autres pays : les enseignants et experts y sont relativement moins bien payés qu’ailleurs – l’écart se situe entre 15 et 20 % pour les premiers ! –, tandis que les cadres intermédiaires s’en sortent mieux. Ces derniers profitent d’un écart plus resserré avec les salaires des directeurs que dans d’autres pays.

2. Les salaires des fonctionnaires augmentent-ils ?

OUI.

En avril, l’Insee a publié une note qui a fait bondir plus d’un fonctionnaire et suscité la colère des syndicats. Les statisticiens y affirmaient qu’en 2010, les salaires des agents de l’État avaient augmenté de 0,8 % en moyenne, une fois déduite la hausse des prix. Un résultat que nombre de fonctionnaires peinent à retrouver au bas de leur feuille de paie. « Présenter ce type de données sous forme de moyenne n’a aucun sens », fustige Denis Turbet-Delof, de Solidaires Fonction publique. Dans le détail, l’Insee constate que 80 % des fonctionnaires de catégorie A ont vu leurs émoluments reculer – à l’image des enseignants, qui perdent 0,9 % –, tandis qu’aucun agent de catégorie B et C n’a subi de perte.

Sur le long terme, les salaires des fonctionnaires ont progressé en moyenne d’un maigre 0,5 % par an depuis 2001, soit un rythme inférieur aux salaires du privé. Les syndicats dénoncent la stagnation, voire la baisse, du traitement indiciaire, qui demeure à leurs yeux le coeur de la rémunération des fonctionnaires. Le point d’indice est gelé depuis juillet 2010 et rien ne laisse penser que le gouvernement pourra faire un geste en 2014.

 Un casus belli pour les organisations syndicales, qui demeurent nostalgiques des années 1970. À cette époque, le point d’indice était indexé sur la hausse des prix et le maintien du pouvoir d’achat passait uniquement par le traitement indiciaire. « Désormais, les gouvernements prennent en compte l’ensemble de la rémunération, avancement et primes inclus, pour mesurer l’évolution des salaires des fonctionnaires, mais ce n’est pas l’esprit initial des grilles salariales de la fonction publique », relève Carole Moniolle, maître de conférences à Paris-X Nanterre.

 

3. Le pouvoir d’achat des fonctionnaires est-il en berne ?

ÇA DÉPEND.

Fin 2007, à la stupeur générale, le ministère de la Fonction publique reconnaissait que 24 % des agents de l’État avaient vu leur pouvoir d’achat reculer entre 2001 et 2005. La faiblesse, voire la stagnation du point d’indice – déjà à l’époque – expliquait largement ce résultat. Les fonctionnaires en fin de carrière, ayant atteint leur plafond de rémunération, et les agents de catégorie C étaient les premiers touchés. Quelque 60 % étaient âgés de plus de 45 ans.

En réaction, le gouvernement avait alors instauré un mécanisme de « garantie individuelle de pouvoir d’achat », baptisé « Gipa ». Le principe ? Tout fonctionnaire qui voit son traitement de base évoluer moins vite que les prix sur une période de quatre ans perçoit un complément de salaire. En 2011, 74 000 agents en ont bénéficié pour un pécule moyen de 852 euros. Les enseignants en fin de carrière et les fonctionnaires de catégorie A sont les premiers concernés. Ils ont touché en moyenne 1 081 euros. Le maintien du pouvoir d’achat des fonctionnaires est-il pour autant garanti à 100 % ? On peut en douter, devant l’écart entre ces 74 000 bénéficiaires et les 24 % de l’étude de 2007, ce qui représentait plus de 600 000 agents.

Parallèlement, la réforme des retraites de 2010 a porté un mauvais coup à la rémunération des fonctionnaires avec l’alignement de leurs cotisations sur celles du privé. D’ici 2020, ils s’acquitteront d’une cotisation de 10,55 % contre 7,85 % actuellement. Soit en bout de course une perte de 60 euros par mois sur une feuille de paie de 2 000 euros. « Très concrètement, pour ceux qui ne profitent pas d’avancements, le chiffre en bas de la feuille de paie baisse, confie un directeur d’administration centrale, mais cela provoque peu de remous car beaucoup ont intégré les effets de la crise. »

Source : «  acteurs public »

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